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blog de Cyrille Amiel

Billets d'humeur, articles et chroniques consacrés à la littérature et à la musique

Olivier Araste, Maloya pli o

Olivier Araste, Maloya pli o

Musicien contemporain de maloya réunionnais (l’une des musiques traditionnelles de La Réunion), Olivier Araste raconte l’itinéraire qui, en un peu plus d’une décennie, l’a conduit des groupes de maloya et des servis kabaré (services kabaré) de l’Est de La Réunion aux scènes nationales et internationales de la World music. Il revient à cet effet sur l’histoire de sa famille, sur son apprentissage musical et sur le projet artistique et culturel de Lindigo, le groupe dont il est le leader. Marquée par l’hommage rendu aux ancêtres, sa musique intègre d’autres influences (Madagascar, Afrique, Inde, Brésil…) qui témoignent des aspirations identitaires et du parcours culturel et professionnel d’Olivier. Mêlant souvenirs personnels et réflexions sur la création musicale, ce récit constitue un témoignage salutaire à la compréhension de son œuvre et des enjeux de création culturelle réunionnaise.

Mon avis :

Cet ouvrage est le fruit de plusieurs entretiens menés par Guillaume Samson. Docteur en ethnomusicologie et musicien, il nous propose à travers cette discussion de découvrir le parcours du leader du groupe Lindigo, Olivier Araste.

Pour moi, cet échange est aussi un prétexte pour évoquer ce qui en chacun de nous anime, agite nos pulsions créatrices.

En effet, Olivier convoque ses souvenirs et nous retrouvons cette Réunion d’un autre temps : la situation des coupeurs de canne, la pauvreté, le déracinement. Immédiatement, un certain nombre de questions me viennent à l’esprit : quel est l’élément déclencheur d’une pratique culturelle ? Pourquoi devient-on musicien, écrivain ou peintre ?

Le leader de Lindigo exprime clairement sa volonté de retrouver des racines perdues, arrachées par l’histoire singulière et mouvementée de l’île. Il me semble qu’à chaque phrase, se dessine le spectre d’un passé douloureux, celui de l’esclavage et de l’engagisme. Autant de raisons ou de déraisons d’exprimer une souffrance transgénérationnelle.

L’enfance d’Oliver Araste se déroule à Paniandy, petit quartier de la ville de Saint André. À l’époque, il s’agit d’un quartier pauvre habité par des coupeurs de canne. La population originaire de Madagascar et d’Inde s’y mêle offrant une mixité culturelle et cultuelle. Les cultes malgaches appelés « services kabaré » et « services malbar » (indien) fleurissent et animent la communauté. Son premier contact avec la musique est une communion avec le sacré. Cette musique religieuse le marque durablement et semble l’animer encore aujourd’hui.

À l’époque, ce syncrétisme religieux constitue le creuset d’une religion du pauvre, du déraciné. De ce métissage cultuel naît un métissage musical dont la raison d’être est la nécessité de renouer avec le roman familial. Presque naturellement la pratique religieuse Malgache devient le vecteur de cette aspiration puisqu’elle se résume à retisser un lien avec des défunts, les Ancêtres. Poursuivant sa démarche mystique, le musicien renoue physiquement avec une partie de ses origines : Madagascar. Le paradis perdu. Sa pratique musicale se trouve au cœur d’une quête identitaire afin de le retrouver.

Pour moi, la musique d’ Olivier Araste est un acte régressif lié au besoin de renouer avec le roman familial, véritable révélateur de son expression culturelle.

Le parcours du leader de Lindigo est une raison amplement suffisante de lire le livre. Toutefois, à mon sens, l’ouvrage évoque aussi la situation extraordinairement complexe des Réunionnais : la capacité de vivre avec un passé douloureux, cette formidable résilience dont ce peuple fait preuve tous les jours et qui se manifeste, entre autre, dans le Maloya.

La plume de Guillaume Samson est légère et efficace. Ce livre nous relie tous à notre histoire, histoire de La Réunion mais aussi de France. Il pourrait être inscrit au programme du collège.

À lire et à écouter impérativement.

Olivier Araste, Maloya pli o

Éditions de la DROI

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Cyrille Amiel

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